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ISSN : 2755-3755

Russie, États-Unis… Les confidences du chef des services secrets finlandais

Publié le 27.05.2022 - Article d'Antoine Izambard du 25/05/2022 sur Challenges
INTERVIEW - Dans un entretien exclusif à Challenges, le maître-espion Antti Pelttari estime que "la Russie est le plus grand problème de sécurité" pour la Finlande et que le nombre d'agents de renseignement russes dans son pays est identique à ce qu'il était durant la guerre froide

« Tout mon service a regardé le Bureau », annonce d’emblée Antti Pelttari, en référence à la célèbre série de Canal +, Le Bureau des légendes. Ce 20 mai 2022, alors que son pays a officialisé deux jours plus tôt sa demande d’adhésion à l’Otan, le patron des services secrets finlandais (Supo) se livre. Au cœur d’Helsinki, dans un austère bâtiment de marbre gris proche de l’imposante cathédrale orthodoxe Ouspenski, construite sur ordre d’Alexandre II de Russie au XIXe siècle, le maître-espion revient sur l’actualité brûlante dans laquelle est plongée la Finlande. « Tout au long de notre histoire, nous nous sommes préparés à faire face à cette agressivité, mais, néanmoins, l’attaque russe en Ukraine le 24 février a changé la donne et justifie notre démarche de vouloir rejoindre l’Otan », confie le quinquagénaire aux fines lunettes noires qui dirige le Supo depuis 2011 et a été prolongé jusqu’en 2026.

Ce service secret fondé en 1949 a doublé de taille ces cinq dernières années et compte aujourd’hui 522 espions – son budget a également bondi de 35 à 56 millions d’euros entre 2017 et 2021. Il cumule, comme le FBI ou la DGSI, des missions de contre-espionnage et de contre-terrorisme et collecte également du renseignement à l’étranger à l’instar de la CIA et de la DGSE. Avec 1.340 kilomètres de frontière terrestre commune entre la Finlande et la Russie, le Supo est aux premières loges pour décrire la quête de puissance de Moscou. Et à écouter Antti Pelttari, l’époque de la guerre froide, où plusieurs espions du KGB, tel Oleg Gordievsky, faisaient défection vers l’Ouest en s’échappant par la Finlande, a encore la vie dure. Le service secret surveille aussi étroitement le déploiement de la Chine et a mis au jour, au printemps 2021, que le Parlement finlandais a été espionné par le groupe de hackers APT31, lié à l’État chinois. Entretien.

Challenges – La demande d’adhésion de la Finlande à l’Otan était-elle inéluctable ?

Antti Pelttari – La Russie est le plus grand problème de sécurité pour notre pays car c’est un État qui attaque ses voisins. Tout au long de notre histoire, nous nous sommes préparés à faire face à cette agressivité, mais, néanmoins, l’attaque russe en Ukraine le 24 février a changé la donne et justifie notre démarche de vouloir rejoindre l’Otan.

Redoutez-vous les mesures de rétorsions de Moscou ?

A. P. – Nous sommes prêts si la Russie décide d’exercer des représailles mais pour le moment ce n’est pas le cas hormis la fin des exportations russes d’électricité (l’entretien a été réalisé avant que la Russie ne stoppe ses livraisons de gaz, Ndlr).

Quel est le niveau d’activité des services russes dans votre pays?

A. P. – Rapportée à notre population, il y a une forte présence d’agents du renseignement russe en Finlande. Cela est une constante pour notre pays. Mais nous avons constaté, depuis l’attaque russe en Crimée en 2014, que les services de renseignement russes étaient de plus en plus agressifs avec leurs voisins. Il y a eu ensuite, fin 2014, les explosions de dépôts de munitions par des agents du GRU en République Tchèque et en Bulgarie, la tentative d’empoisonnement de Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018 et le meurtre d’un tchétchène à Berlin par le FSB en 2019. Mais dans le même temps, la situation en Finlande a été calme, comme à l’ordinaire…

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