Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Sommet sur les pôles : la France se réveille pour sauver la banquise… après des années d’inaction

Publié le 09.11.2023 - Article de Margot Brunet du 08/11/2023 sur Marianne
Une manière de se racheter. Ces 8, 9 et 10 novembre, l'Élysée organise à Paris le « One Planet - Polar Summit », premier sommet international sur les pôles. Pendant trois jours, scientifiques, chercheurs et hommes politiques d'une quarantaine de pays et régions glaciaires et polaires sont réunis au Muséum d’Histoire naturelle (MNHN), à Paris, pour tenter de limiter la catastrophe en cours aux pôles Nord et Sud.

Car il pourrait bien ne rester que des clichés vieillissants de la banquise d’ici quelques années. Tant au sud qu’au nord, les pôles sont les régions du monde dans lesquelles les températures augmentent le plus vite. En Antarctique, le mercure grimpe deux fois plus rapidement que dans le reste du monde. Certains travaux évoquent une hausse quatre fois plus rapide en Arctique, au nord. Partout, la cryosphère, soit l’ensemble des glaces sur Terre, fond à vue d’œil. Les dernières nouvelles du Groenland sont plus qu’alarmistes : une étude de scientifiques du CNRS, parue ce 7 novembre, estime que « les plus grandes plateformes de glace flottantes de sa calotte polaire ont perdu plus d’un tiers de leur volume depuis 1978 ».

Un drame pour le Groenland autant que pour le reste du monde : à lui seul, ce territoire est déjà responsable de 17 % de la hausse de niveau actuelle de la mer. La fonte de ces plateformes pourrait faire monter encore plus vite la surface des océans. Car ces plateformes de glace servent de « barrages » gelés, qui régulent la quantité de glace déversée dans l’océan. C’est tout l’enjeu de la préservation des pôles : éviter que ces écosystèmes ne disparaissent, mais aussi protéger le reste du monde. Car la destruction des pôles entraîne inévitablement une hausse du niveau des océans, et fait aussi perdre à la Terre les milliers de kilomètres carrés de glace qui maintiennent sa température moyenne.

Sommet à la rescousse

En organisant cet événement, la France veut donc montrer qu’elle prend le sujet au sérieux. Le sommet ambitionne de faire le point sur l’état des pôles et proposer des recommandations aux gouvernements pour une meilleure protection des régions glaciaires. Plus que de les préserver, l’enjeu est aussi de soutenir la recherche scientifique dans ces milieux extrêmes. À la fois pour connaître les conséquences du dérèglement climatique, mais aussi parce que l’étude de la banquise est indispensable pour suivre l’évolution du climat.

En creusant la banquise, on peut faire remonter des couches gelées il y a des millénaires et en déduire les conditions climatiques et atmosphériques de ces époques. Ce qui permet de modéliser l’avenir. Autant dire que l’initiative française de réunir tous les acteurs du domaine est plus que louable… Mais surtout tardive. Car la France semble en réalité avoir abandonné la recherche polaire ces dernières années.

France pionnière

Longtemps pionnière en la matière, la France délaisse désormais ses bases de recherche en Antarctique. En 2021, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) publiait le rapport « Recherche française en milieu polaire : revenir dans la cour des grands » évoquant le « statut menacé [de la France] en raison d’un sous-investissement chronique ». Avec un peu moins de 15 millions d’euros d’enveloppe annuelle, l’Institut Paul-Émile Victor (IPEV) doit gérer toute la logistique des missions en milieu polaire. Loin, très loin des 53 millions de l’Allemagne ou des 88 millions de l’Australie.

Avec une enveloppe aussi fine, la mission relève presque de l’impossible. À mesure que rapports, élus et chercheurs tirent la sonnette d’alarme, les bases se dégradent. « Les bâtiments vieillissent. À certains endroits, il y a de la neige qui remonte par le plancher pendant les tempêtes », racontait récemment à Marianne un volontaire en service civique (VSC) en ce moment dans la station Dumont d’Urville, en Antarctique. Il s’agit d’ailleurs d’un sujet de révolte, en ce moment, dans les bases polaires françaises : la très grande majorité des travaux scientifiques menés pendant les hivers polaires, soit huit longs mois d’isolement, le sont par des volontaires.

« La recherche polaire française, malgré son importance, repose sur des volontaires, ultra-qualifiés, payés à peine 1 000 euros par mois, sans droit à la retraite ou au chômage », résumait un ancien volontaire à Marianne. Il faut dire que l’engouement pour la recherche en milieu polaire est rarement à la hauteur des enjeux. Si « les recherches sur la cryosphère ont beaucoup avancé ces dernières décennies » selon la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte lors du premier jour du Sommet, elle ajoutait toutefois que le terme « cryosphère » était apparu dans une décision de la COP l’année dernière « pour la première fois »

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