Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

Une mangrove au Pôle Nord il y a 50 millions d’années

Publié le 07.05.2020 - Actualité du CNRS-INSU du 28/04/2020
Dès 2017, les spécialistes de pollen (palynologues) d’une équipe collaborative incluant une PME ont démontré l’existence, il y a 55-50 millions d’années, d’une mangrove autour de l’océan Arctique, sur les îles de Nouvelle Sibérie et dans le delta du MacKenzie au Canada. En identifiant et dénombrant les grains de pollen très bien conservés et abondants, extraits des sédiments de l’Eocène carottés près du Pôle Nord, cette même équipe de palynologues, élargie, a documenté la persistance de cette mangrove pendant la période allant de 56 à 40 millions d’années, au centre même du domaine arctique

Cette analyse révèle l’existence d’une forêt subtropicale sempervirente sur des terres avoisinantes (péninsules, chapelet d’îles) et surtout la présence d’une mangrove constituée par le genre Avicennia, un palétuvier, partageant le littoral avec des marécages à cyprès chauves. Les courbes d’abondance en grains de pollen ont pu être corrélées avec la courbe de référence des isotopes de l’oxygène, permettant ainsi de déceler toutes les variations du climat pendant la période concernée, tout particulièrement les optimums climatiques de l’Eocène inférieur (52-48 millions d’années) et de l’Eocène moyen (40 millions d’années) qui n’avaient pu être identifiés par les études géochimiques antérieures. Les paramètres du paléoclimat (températures, précipitations) ont été estimés au Pôle Nord à partir de cette flore sur la base de correspondances avec la végétation actuelle : la température moyenne annuelle était comprise entre 18 et 22°C (elle y est aujourd’hui de -3,4°C) avec le mois le plus chaud pouvant atteindre une moyenne de 27°C et le mois le plus froid ne descendant pas en moyenne au-dessous de 10°C ; les précipitations annuelles allaient de 1200 à 1400 mm.

Outre la documentation inédite qu’elle fournit sur les paléoclimats, cette étude révèle l’impact qu’une longue période très chaude peut avoir sur les plus hautes latitudes du globe et sur l’expansion de la végétation thermophile.

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