Variabilité millénaire de type Dansgaard-Oeschger avant 130 000 ans
De nouvelles études pluridisciplinaires conjuguant analyses stratigraphiques, pédologiques, granulométriques, paléomagnétiques et isotopiques des enregistrements lœssiques européens (et notamment la séquence d’Harletz en Bulgarie) datés du stade isotopique marin~6 (MIS~6), soit la période 192~000~-~130~000 ans avant le présent, révèlent la présence de paléosols et d’horizons sédimentaires avec une légère pédogenèse. Ces paléosols et horizons sédimentaires ont donc les mêmes caractéristiques que celles décrites par la même équipe pour le dernier cycle climatique et qui sont corrélées avec les phases de réchauffements en période glaciaire d’environ 10-12°C survenues en 50-100~ans en moyenne au sommet du Groenland (événements de Dansgaard-Oeschger, DO). Suivant la même logique de mise en place qu’au MIS~6, ces phases de réchauffement, au nombre d’une dizaine, semblent synchrones d’événements climatiques observés dans différents enregistrements de la température des eaux de surface de la mer et de séquences polliniques et spéléothèmes de l’hémisphère nord. Elles peuvent alors être interprétées avec confiance comme des événements de type DO survenus durant l’avant-dernier cycle climatique.
Ce résultat indique que les deux derniers cycles climatiques, au moins les 243~000 dernières années, ont été influencés par une variabilité millénaire qui ne peut s’expliquer par les forçages astronomiques classiques contrôlant les variations glaciaire-interglaciaire du Quaternaire, mais plutôt par d’autres mécanismes plus internes impliquant différentes composantes du système climatique (circulation océanique, extension de la glace de mer et des plateformes de glace, dynamique des calottes glaciaires…).