Voyage en Arctique, où une expédition scientifique hors norme étudie l’épicentre du réchauffement
Cette chercheuse française de 32 ans, spécialiste de science atmosphérique employée par l’université du Colorado (États-Unis), est l’une des 600 scientifiques qui se seront relayés à bord d’ici au 12 octobre, quand le bateau regagnera son port d’attache à Bremerhaven, dans le nord de l’Allemagne. Cette date marquera la fin d’une odyssée scientifique hors norme. Baptisée Mosaic – l’acronyme en anglais d’ »Observatoire multidisciplinaire de dérive pour l’étude du climat arctique » –, elle coche toutes les cases record : 390 jours dans l’océan Arctique, 140 millions d’euros, 20 pays impliqués, dont la France.
Une expédition contrariée par le Covid-19
« C’est ici, en Arctique, que se situe quasiment l’épicentre du réchauffement global et, en même temps, nous comprenons très peu cette région », justifie le chef de l’expédition, l’Allemand Markus Rex. « Nous ne pourrons pas établir de prévisions correctes concernant notre climat si nous n’avons pas de pronostics fiables pour l’Arctique ».
Alors, à bord, sur la glace, sous la surface et dans les airs, les experts ne cessent de prélever, de mesurer, de quantifier. « Il faudra des années pour digérer toute cette masse d’informations », commente Samuel Morin, directeur du Centre d’études de la neige (Météo-France/CNRS), à Grenoble. « Mais cette mission est un incroyable coup d’accélérateur pour améliorer notre connaissance de l’Arctique ».
« Ce qui se passe là-bas a des conséquences chez nous »
L’objectif est d’évaluer l’impact du dérèglement climatique sur la région et sur le monde entier et, in fine, d’améliorer les performances des modèles climatiques pour obtenir des projections plus réalistes. L’enjeu est essentiel, alors que l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que l’ensemble de la planète. « Or ce qui se passe dans cette région a des conséquences chez nous », confirme Samuel Morin, évoquant par exemple la formation des tempêtes ou le réchauffement des océans.
L’inverse est aussi vrai, puisque l’expédition a été contrariée par l’épidémie de Covid-19. Au cœur du printemps, la fermeture des frontières a empêché la rotation planifiée des équipes. « Partie mi-janvier, je devais rester deux mois à bord », raconte l’océanographe Janin Schaffer. « Je suis rentrée chez moi, à Brême, à la mi-juin ! » Qu’importe, le travail l’a accaparée. L’expédition coûte cher, 200.000 euros par jour, alors il s’agit d’être efficace dans ses mesures. « La météo ne permet pas vraiment de traîner », dit en riant la trentenaire. « Il a fait jusqu’à -42°C et, avec le vent, en ressenti, c’était -60 ! »…
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