Les polychlorobiphényles (PCB) sont des composés chimiques constitués de deux cycles benzéniques (d’où le nom biphényle) et d’un nombre variable d’atomes de chlore. Il existe 209 molécules différentes de PCB appelées congénères. Ils sont tous d’origine synthétique et avant leur interdiction, on les retrouvait comme isolants dans les transformateurs électriques et les condensateurs, comme lubrifiants ou comme composants d’huiles, d’adhésifs, de peintures et d’encres.
La plupart sont des cancérogènes probables, des perturbateurs endocriniens ou des inducteurs enzymatiques susceptibles de perturber le métabolisme. Les PCB sont extrêmement stables, peu solubles dans l’eau mais très solubles dans les lipides. C’est pourquoi on les retrouve dans les tissus graisseux des animaux (poissons, phoques, bélugas,…) traditionnellement consommés par les Inuits, ces derniers occupant le sommet de la chaîne alimentaire. Les enfants de cette communauté y sont donc particulièrement exposés, ainsi qu’à des métaux lourds tels le plomb et le mercure.
Une équipe canadienne composée de médecins et de psychologues a recherché une association éventuelle entre certains troubles du comportement d’enfants d’âge préscolaire et leur exposition aux PCB, au plomb et au mercure pendant la grossesse et la petite enfance.
Ils ont ainsi suivi un groupe de 110 enfants résidant au Nunavik, une région du Québec arctique. Pour évaluer l’exposition prénatale aux contaminants, ils disposaient des résultats d’un dosage réalisé dans le sang du cordon ombilical à la naissance. Un autre dosage des mêmes composés chimiques a été effectué dans des échantillons de sang de ces mêmes enfants désormais âgés de cinq ans ; pour des raisons pratiques, seul le congénère le plus abondant, le PCB 153, a été mesuré. Le comportement a été évalué par les experts à l’aide d’une version modifiée d’un test de psychométrie, le Bayley Infant Behavior Rating Scale ; ils disposaient aussi d’enregistrements vidéo de l’activité des enfants.
L’exposition au plomb durant l’enfance s’est avérée liée à une plus grande impulsivité, plus d’irritabilité et plus d’inattention. La présence de PCB 153 dans le sang du cordon ombilical a été corrélée avec des manifestions d’anxiété, de tristesse et moins de démonstrations d’émotions positives telles que les rires ou les sourires. Dans cette étude, aucune particularité associée au mercure n’a été établie. Ces résultats corroborent les données antérieures déjà trouvées pour l’exposition au plomb et montrent l’impact neurocomportemental négatif des PCB. Cette publication s’inscrit dans le cadre d’une vaste étude menée par une équipe de chercheurs canadiens sur ce même groupe de jeunes inuits du Nunavik, exposés à des taux anormalement élevés de contaminants environnementaux. Durant la première année de leur vie, les enfants avaient déjà été soumis à diverses évaluations du développement physique, moteur, sensoriel et intellectuel. Une nouvelle étude est prévue quand les enfants auront atteint l’âge de dix ans.
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